Déploiement de force
rideau

De jour, la surveillance aérienne française interdit aux fellaghas toute circulation importante. C'est donc de nuit que des groupes armés, plus ou moins nombreux, tentent de franchir le barrage et sa redoutable combinaison de barbelés, de fils électriques et de mines. Dès qu'une coupure électrique est constatée et située, une alerte radio prévient immédiatement les unités du secteur concerné. Il s'agit alors pour les troupes mobiles de bloquer cette infiltration d'hommes. Les électromécaniciens se hâtent vers le site, avec une protection de blindés légers. Des groupes mieux armés viennent reconnaître l'importance du franchissement et engager le combat. Un avion luciole (répondant au nom de code César largue sur la zone des fusées éclairantes. L'artillerie déclenche des tirs préréglés, entre barbelés et frontière.
À supposer qu'un groupe ennemi réussisse à percer le barrage, il s'efforce évidemment de s'éloigner très vite du point de franchissement. Tout un dispositif entre alors en action. Derrière le groupe infiltré, les unités de herse referment la coupure. Dans toute la zone, d'autres éléments d'intervention bouclent le secteur et tentent d'accrocher l'adversaire. En cas de besoin, le commandement engage ses réserves pour coups durs : régiments de légionnaires ou de parachutistes, groupements spéciaux, détachements héliportés. Des combats s'engagent, escarmouches sporadiques ou véritables batailles rangées.
En 1957, un gros millier d'armes entrent chaque mois en Algérie, à destination des wilayas rebelles. Ce chiffre tombe à 400 l'année suivante, puis à 200. En 1960, une fois les barrages achevés, il ne passe plus que 60 armes par mois ! Et les renforts en hommes se tarissent également. Pour les maquis du FLN, c'est la mort par asphyxie... Constatant cette redoutable efficacité des barrages, les dirigeants de la rébellion tentent des franchissements majeurs, souvent assortis de feintes et de diversions. Du 21 janvier au 21 mai 1958, il en résulte une véritable bataille des frontières dans l'Est‑Constantinois. De rudes combats se succèdent aux environs de Souk-Ahras, El-Meridj, Négrille. Mais le résultat est éloquent : au prix de 273 tués, les forces françaises exterminent 4000 rebelles, font 600 prisonniers, saisissent 2350 armes ! Le barrage devient la terreur des djounouds.

patrouille sur la ligne morice
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Le barrage